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Les organismes communautaires : des ressources indispensables pour les personnes handicapées et leurs familles 

 

Parallèlement aux services de l’État, plusieurs organismes communautaires autonomes ont été mis sur pied au fil des années pour soutenir et accompagner les personnes vivant avec un handicap et leurs familles dans la réponse à leurs besoins particuliers. Ces organismes ont développé des services et des approches variés : information, référence, soutien, atelier, café-rencontre, répit, hébergement, appartement supervisé, camp d’été, gardiennage, activité de jour, accompagnement dans la communauté, promotion de leurs intérêts et défense de leurs droits auprès des décideurs… Et tout cela avec et auprès d’enfants, d’adolescents, d’adultes, hommes et femmes vivant avec des limitations motrices, langagières, visuelles, auditives, intellectuelles, avec des maladies dégénératives ou de l’autisme.

 

Patrice Désilets est directeur général à Halte-Soleil, un organisme de la région de Sorel-Tracy qui a pour mission d’offrir du répit aux familles qui ont soin d’une personne déficiente intellectuelle et/ou physique. Lui et son équipe, conçue majoritairement de bénévoles, travaillent d’arrache-pied afin d’aider les familles, malgré le peu de ressources qu’ils ont, et peu importe le moment où la demande arrive. Il donne l’exemple de ce vendredi soir, vers 18hrs : « Mon cellulaire sonne, c’est le département de l’urgence de l’Hôpital qui me demande si nous pouvons accueillir une dame vivant avec une déficience intellectuelle d’une trentaine d’année. Sa mère a eu un malaise cardiaque. Je mets donc de côté mon souper et je file à l’urgence rencontrer la mère et sa fille, Sophie. Pas question de laisser une personne vivant avec une déficience intellectuelle passer la nuit à l’urgence au chevet de sa mère! J’amène donc Sophie à Halte-Soleil et les intervenantes l’accueillent chaleureusement pour quelques jours. Vous savez, que ce soit mardi matin ou vendredi soir, on fait tout en notre pouvoir pour aider les personnes et leurs familles. Aussi, les gens nous appellent souvent lorsqu’ils sont complètement épuisés, on ne peut pas les mettre sur une liste d’attente, il faut les aider immédiatement. »

 

Halte-Soleil, ainsi que de nombreux organismes communautaires autonomes, font un travail exceptionnel avec les personnes handicapées et leurs familles. Ils sont à l’écoute de leurs besoins et se renouvellent sans cesse pour essayer d’y répondre. De plus, les activités offertes par les organismes communautaires diminuent l’isolement et favorisent l’entraide. Elles contribuent à l’intégration des personnes ainsi qu’à leur participation sociale et citoyenne dans leur milieu.

 

Cependant, le sous-financement chronique affecte grandement les organismes communautaires qui doivent multiplier les levées de fonds qui sont tellement énergivores et qui donnent souvent des résultats décevants. Le manque de financement stable et récurent des organismes fait en sorte que les salaires sont bas et les avantages sociaux peu nombreux. Par conséquent, on constate un grand roulement de personnel. Le tout fragilise énormément les groupes.

 

De plus, les importantes compressions budgétaires, particulièrement dans le réseau de la santé et des services sociaux et en éducation, ont grandement affecté les services offerts aux personnes et aux familles et font en sorte qu’elles se tournent davantage vers les organismes communautaires. Ceux-ci peinent à répondre aux nouveaux besoins exprimés par les personnes qui fréquentent leurs groupes. Par exemple, en matière de soutien à domicile, plusieurs personnes ont vécu des diminutions importantes, souvent brutales, des heures de service qu’elles recevaient. Les proches aidants sont quant à eux de plus en plus sollicités pour pallier à ces coupures de service. L’État se désengage et advienne que pourra.

 

Si nous sommes d’avis que les organismes communautaires autonomes ont besoin d’un meilleur financement à la mission, nous pensons également que les organismes communautaires ne peuvent pas jouer le rôle de l’État, et que celui-ci doit réinjecter massivement des fonds, notamment en santé et service sociaux et en éducation, pour répondre aux besoins des personnes handicapées et de leur entourage. C’est avec des services publics solides et un réseau d’organismes communautaires en santé que nous pourrons offrir des conditions de vie décentes à ces personnes.

 

 

Danielle Goulet

Présidente de la Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie (TROC-M)

 

Pauline Couture

Directrice du Groupement des personnes handicapées de la Rive-Sud de Montréal (GAPHRSM)

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